Alain Supiot - La gouvernance par les nombres
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Informations sur ce média
Nombre de vues :
162 (ce mois : 1)Date de création :
juin 2, 2015Licence :
Institut d'Etudes Avancées de NantesLien vers la chaîne du média :
Institut d'études avancées de NantesDescription
Le sentiment de "malaise dans la civilisation" n’est pas nouveau, mais il a retrouvé aujourd’hui en Europe une intensité sans précédent depuis la seconde guerre mondiale. La saturation de l’espace public par des discours économiques et identitaires est le symptôme d’une crise dont les causes profondes sont institutionnelles. La Loi, la démocratie, l’Etat, et tous les cadres juridiques auxquels nous continuons de nous référer, sont bousculés par la résurgence du vieux rêve occidental d’une harmonie fondée sur le calcul. Réactivé d’abord par le taylorisme et la planification soviétique ce projet scientiste prend aujourd’hui la forme d’une gouvernance par les nombres, qui se déploie sous l’égide de la "globalisation".
La raison du pouvoir n’est plus recherchée dans une instance souveraine transcendant la société, mais dans des normes inhérentes à son bon fonctionnement. Prospère sur ces bases un nouvel idéal normatif, qui vise la réalisation efficace d’objectifs mesurables plutôt que l’obéissance à des lois justes. Porté par la révolution numérique, ce nouvel imaginaire institutionnel est celui d’une société où la loi cède la place au programme et la réglementation à la régulation. Mais dès lors que leur sécurité n’est pas garantie par une loi s’appliquant également à tous, les hommes n’ont plus d’autre issue que de faire allégeance à plus fort qu’eux. Radicalisant l’aspiration à un pouvoir impersonnel, qui caractérisait déjà l’affirmation du règne de la loi, la gouvernance par les nombres donne ainsi paradoxalement le jour à un monde dominé par les liens d’allégeance.
Alain Supiot a dispensé cette conférence à l’occasion de la parution prochaine de son ouvrage "La Gouvernance par les Nombres" (Editions Fayard - collection "Poids et Mesures du Monde"), en présence de l’illustrateur Selçuk Demirel.
Présentation de l'intervenant
Docteur d’Etat en droit (Bordeaux, 1979), agrégé des facultés de droit (1980), membre de l’Institut Universitaire de France (2001 ; chaire "Dogmatique juridique et lien social"), docteur h.c. de l’Université de Louvain, Alain Supiot a été successivement professeur à l’Université de Poitiers puis de Nantes, avant d’être élu au Collège de France en 2012 (chaire "Etat social et mondialisation : analyse juridique des solidarités").
Il a fondé en 1995 la Maison des Sciences de l’Homme Ange Guépin (www.msh.univ-nantes.fr), qui promeut une approche transdisciplinaire des transformations du lien social. Il a présidé de 1998 à 2001 le Conseil National du développement des sciences humaines et sociales (voir Pour une politique des sciences de l’Homme et de la société PUF-Quadrige, 2001). Il a fondé et a dirigé entre 2008 et 2013 l’Institut d’Etudes Avancées de Nantes dont il est aujourd’hui Membre Emérite et Président du Comité Stratégique. Sa carrière a été marquée par plusieurs années de recherche à l’étranger (à l’Institute of Industrial Relations de Berkeley en 1981; à l’Institut Universitaire Européen de Florence en 1989/90; au Wissenschaftskolleg zu Berlin en 1997/98).
Ses travaux portent sur le droit du travail et de la sécurité sociale et sur l’analyse des fondements dogmatiques du lien social (dernier livre paru : L’esprit de Philadelphie. La justice sociale face au Marché total, Paris, Seuil, 2010).
Les conférences de l’Institut d’Etudes Avancées de Nantes
L’Institut d’Etudes Avancées de Nantes est une fondation reconnue d’utilité publique dont la mission est d’accueillir en résidence des chercheurs choisis pour l’excellence et le caractère innovant de leurs travaux. L’ambition particulière de l’IEA de Nantes est de tisser des relations d’un type nouveau entre chercheurs du "nord" et du "sud", en s’ouvrant largement à ces derniers et en permettant à chacun de confronter la façon dont il perçoit les questions qui, avec le processus de globalisation, se posent désormais à tous.
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