Claus Walkstein - New Orleans : entre mythe et marketing urbain
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Informations sur ce média
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7Date de création :
mars 10, 2016Lien vers la chaîne du média :
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Suite à l’enregistrement du premier disque de" jass" à New York, en février 1917 par l’Original Dixieland Jass Band ODJB, le journal nouvel-orléanais Times Picayune écrit en mars de la même année que ce disque enregistré par les "enfants de la ville" de New Orleans mérite une large diffusion. En effet, le leader du ODJB est natif de la ville alors que d’autres membres du quintette viennent de Californie (d’où ils ont probablement importé le terme de « jass ») pour travailler à New Orleans, dans les bars du quartier "red light" de Storyville, connu alors pour sa musique ragtime et les défilés de ses brassbands. L’ODJB qui s’autoproclame "the inventors of Jazz" travaille et se fait connaître sur Chicago. Toutefois, l’argument commercial d’un groupe "natif de la ville de New Orleans" est rapidement repris par les média, les studios et autres producteurs de spectacles à Chicago et New York. Le folklore du sud se vend à merveille dans les villes du nord et estampille de facto la Nouvelle Orléans comme le "berceau" (cradle) ou encore "birthplace of jazz". Les bases d’une ville mythique associée au jazz et à son histoire sont posées, puis portées par une vague d’émigration de musiciens notamment afro-américains qui s’approprient ce nouveau label et recherchent de meilleures conditions de travail et de reconnaissance sociale au-delà des frontières de la ville, voire du continent américain. Commence alors un long travail de définition du terme originel "jass" vers ce qui deviendra le "jazz" pour formaliser le contenu, les limites et la genèse de ce nouveau genre musical et de lui trouver un lieu d’ancrage "lisible" répondant à la multiplicité de représentations émergeantes souvent diamétralement opposées. Les interviews avec d’anciens musiciens nouvel-orléanais ayant travaillé en ville dans les années fondatrices (cf. Lomax 1938, Jakobsen 2011) évoquent le souvenir de touristes du Nord venant en ville en leur demandant de jouer du "jazz", alors que les musiciens locaux ne savaient que faire de ce terme qui leur était inconnu : le mythe d’un "jazz natif de la Nouvelle Orléans" se façonne et se (re)définit par des journalistes, auteurs et producteurs et musiciens émigrés extra muros, créant des vagues de représentations successives (Sakakeeny, 2011) qui refluent vers la Nouvelle Orléans et obligent les musiciens locaux à s’y plier ou à disparaître. Ainsi, le jazz traditionnel de l’après guerre porté par des têtes d’affiche internationales comme Louis Armstrong ou Sidney Bechet non seulement se "réclame" (nous soulignons la duplicité du terme) de la Nouvelle Orléans mais en même temps en redéfinit en profondeur les représentations et les stéréotypes diffusés et amplifiés par les médias. Le mythe se transforme en "bien" culturel puis en "bien commercialisable", au point de déformer délibérément les réalités sociales et historiques (cf. clips Armstrong entre 1921 et 1950) pour lui apporter attrait et crédibilité. "New Orleans, land of dreams" chantent les blues et les balades du jazz traditionnel. Le mythe d'une New Orleans "birthplace of jazz" transforme la catastrophe en slogan commercial et devient le principal argument soutenant les demandes d’aide et les efforts de reconstruction après la survenue de l’ouragan Katrina (Raeburn, 2013).
Présentation de l'intervenant
Claus Walkstein est maître de conférences en Psychologie Sociale et Organisationnelle à l’Université de Nantes. Chercheur et musicien de jazz, il s’intéresse aux aspects psychosociologiques et représentationnels de l’émergence de la culture jazz qu’il analyse non du point de vue de sa phénoménologie musicale mais dans sa dimension socioculturelle et économique comme mode et moyen de prospérité et de reconnaissance sociale. Il s’est fait connaître notamment à travers ses communications concernant l’épistémologie du jazz traditionnel de la Nouvelle Orléans comme « bien culturel », produit culturel négociable et négocié au moyen de dispositifs de stéréotypisation commerciale du bien et de ses acteurs sociaux. Il travaille actuellement sur les représentations du jazz dans une dynamique transculturelle, en s’appuyant en particulier sur l’analyse d’articles de presse américains et français d’époque. Claus Walkstein a fait de multiples séjours de recherche et de documentation aux US et à la Nouvelle Orléans où il entretien de nombreux contacts avec des chercheurs historiens et sociologues du jazz.
Présentation du colloque "Mythologies urbaines et migrations"
La ville génère un ensemble de mythes artistiques et littéraires issus de son histoire et de son quotidien, de légendes et de récits oraux mêlant réalité et fiction. Création propre à l’homme, la ville se présente comme une construction réelle et imaginaire, à travers laquelle une communauté recherche sa cohésion et ses possibilités créatrices (correspondances, récits de vie, poésie, théâtre, cinéma…). Organisé par le Centre de Recherche sur les Identités Nationales et l’Interculturalité (CRINI), le colloque sur "Mythologies urbaines et migrations" s’inscrit dans le cadre d’une réflexion sur les migrations portant à la fois sur l’interculturalité - en s’attachant à la rencontre et à la reconnaissance de cultures plurielles-, et sur la transculturalité - en privilégiant l’échange et la création entre ces cultures-, dans une dynamique créatrice cherchant à dépasser les barrières culturelles, tout en questionnant l’histoire des représentations urbaines.
Ce colloque s'inscrit dans la continuité de journées d’étude préparatoires dans le cadre des partenariats locaux et internationaux du CRINI :
- Journée d'Etude "La Ville : pouvoirs, marges, exils"
- Journée d'Etude "Entre histoire et littérature, migrations et mythes urbains" à l'Université de Puebla, Mexique
- Séminaire "Les Villes littéraires : Alberto Ruy Sánchez et Mogador, l’inaccessible"
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